Définition

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Un essai thérapeutique est une étude contrôlée visant à préciser, sur une population à critères sélectionnés et particulièrement surveillée, les effets d’un médicament ou d’un traitement.

Autrement dit, un essai thérapeutique a pour but d’évaluer de nouveaux moyens de prévenir ou de traiter un patient contre le cancer.

Un essai ou une étude thérapeutique peut tester :

1. de nouveaux médicaments ou un médicament déjà connu mais qui n’a pas encore été utilisé contre ce type de maladie,

2. d’autres approches thérapeutiques,

3. de nouvelles combinaisons de traitement,

4. de nouvelles méthodes de traitement comme la thérapie génique,

5. de nouvelles techniques de prévention.

Si un nouveau traitement proposé démontre son efficacité, il devient alors un nouveau traitement de référence offert à une multitude de patients. Ainsi, les traitements de référence d’aujourd’hui sont le fruit des essais thérapeutiques réalisés dans le passé.

Les patients inclus dans un essai thérapeutique reçoivent un nouveau traitement avant que celui-ci ne soit plus généralement appliqué ou commercialisé.

Ces essais offrent des informations précieuses sur l’efficacité de nouveaux traitements. Grâce à ces nouveaux traitements améliorés en permanence, les médecins parviennent à peu à peu à faire régresser le cancer.

Comment cela fonctionne-t-il ?
Entre le moment où une substance chimique naît dans un laboratoire et le moment où le médicament peut être délivré à un patient, s’écoule une longue période d’une durée d’environ 7 à 12 ans.

Deux étapes se succèdent et parfois se juxtaposent :

1. une première étape préclinique : ces études menées en laboratoire et sur l’animal ont pour but d’étudier l’efficacité du produit sur la cellule et la toxicité aïgue sur l’animal. Ainsi est constitué par le laboratoire un «dossier préclinique» soumis au Ministère lequel doit établir la validité et le sérieux du dossier. Lorsque le dossier est validé, la molécule peut alors être testée sur l’homme.

2. une deuxième étape clinique : période d’étude chez l’homme.Lors de cette étape, les essais cliniques de médicaments poursuivent 3 objectifs essentiels : établir ou vérifier, selon le cas, certaines données pharmacodynamiques (dont le mécanisme d’action du médicament), thérapeutiques (efficacité et effets indésirables) et pharmacocinétiques (modalités d’absorption, de distribution, du métabolisme et de l’excrétion des substances actives).

Les essais thérapeutiques sont classifiés selon 4 phases d’étude du nouveau médicament :

Les essais de phase I

1. ce stade correspond aux premières administrations du produit chez l’homme, après que les études toxicologiques faites sur l’animal aient montré qu’il y avait une marge plus ou moins importante entre les doses toxiques et les doses auxquelles on espère observer l’effet thérapeutique recherché.

2. les essais de phase I ont pour but de connaître le comportement du médicament chez l’homme (comment il est absorbé, à quel taux il est présent dans le sang, à quelle vitesse et comment il s’élimine…)

3. dénués d’intérêt thérapeutique dans l’immédiat, ces essais sont dénommés « sans bénéfice individuel direct » et sont conduits chez des volontaires dans des locaux spécifiquement équipés et ayant reçu une autorisation particulière pour ce type de recherche.

Les essais de phase II

1. Cette phase de traitement a pour but de tester l’efficacité d’un traitement. Les dosages ayant été déterminés en phase I, le but est à ce stade de vérifier si la tumeur diminue ou si les symptômes disparaissent.

2. Sont ainsi déterminées les modalités optimales d’administration du médicament pour obtenir l’effet thérapeutique escompté.3. Ces essais sont le plus souvent administrés chez des malades présentant la maladie que le médicament est censé traiter. A ce titre, ces essais sont dénommés « avec bénéfice individuel direct ».

4. Ces essais sont souvent menés sur des groupes parallèles se distinguant entre eux soit par la dose administrée soit par les modalités de l’administration.

Les essais de phase III

1. Les essais de phase III ont pour objectif de comparer le nouveau traitement avec un traitement de référence.

2. Le médicament étant à ce stade mieux connu, on peut envisager de le prescrire à un plus grand nombre de patients pour confirmer qu’il est bien toléré, qu’il est réellement actif et éventuellement pour le comparer à d’autres médicaments déjà prescrits dans la même indication.3. Ces essais sont proposés à des malades et leur apportent « un bénéfice individuel direct ».

4. C’est à l’issue de ces essais que les autorités sanitaires délivreront l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), indispensable pour que le médicament puisse être prescrit par les médecins et éventuellement remboursé par l’Assurance Maladie.

Les essais de phase IV

Ces études succèdent à la mise sur le marché. Elles peuvent poursuivre plusieurs objectifs :

1. Etudier les effets à long terme du traitement,

2. Confirmer sa bonne tolérance sur des milliers de personnes,

3. Ajuster la façon de donner le traitement.

Ces essais sont menés sur des personnes malades et apportent un « bénéfice individuel direct ».

Bilan des traitements

En conclusion, ces études cliniques se terminent lorsqu’elles ont permis de recueillir suffisamment d’information pour répondre à la question suivante : tel médicament est-il efficace contre le cancer ?

Ainsi, les médecins cliniciens s’attachent à apporter une réponse positive aux questions suivantes :

1. Le médicament est-il actif sur la tumeur et augmente-t-il l’espérance de vie ?

2. Le nouveau médicament est-il plus efficace que le médicament standard habituellement utilisé ?3. Le médicament a-t-il des effets positifs sur la qualité de vie par exemple diminue-t-il la fatigue, les effets secondaires, les risque de perte de poids, etc ?

4. Enfin, le médicament accroît-il les périodes de rémission avant une rechute ?

La classification des essais thérapeutiques selon leurs modalités
Les essais de nouveaux médicaments peuvent être conduits de diverses façons selon le produit étudié, la maladie à traiter et l’objectif de l’essai. Ce choix est essentiel pour s’assurer de la validité des résultats.

PRINCIPE FONDAMENTAL : QUEL QUE SOIT LE PROTOCOLE, CELUI-CI EST CONCU POUR NE RETIRER AUCUNE CHANCE AU PATIENT.

Cela signifie que le patient reçoit au minimum les mêmes soins ainsi que tous les soins qu’il est en droit d’attendre pour traiter sa maladie «selon l’état actuel de la science», qu’il participe ou non à l’essai.

Sa participation à un essai, selon l’objectif de celui-ci,
permettra de préciser :

1. Soit l’intérêt d’introduire un médicament (ou un autre traitement) suplémentaire au traitement classique,

2. Soit de comparer l’efficacité (et/ou la tolérance) de deux médicaments qui, tous deux, sont connus pour être efficaces séparément, afin de déterminer lequel est le meilleur.

Les essais thérapeutiques peuvent donc être appliqués selon 5 modalités :

L’étude contrôlée

Il s’agit d’un essai dans lequel le médicament expérimental est comparé soit à un placebo soit à un médicament d’efficacité connue donc de référence.

L’étude randomisée

Randomisé vient d’un mot anglais : random qui signifie hasard.

Il s’agit d’une étude dans laquelle les malades participants sont répartis dans différents groupes « par tirage au sort » : un premier groupe prendra le médicament A, le second groupe le médicament B et un troisième groupe un placebo par exemple.

Ce tirage au sort est fait pour deux raisons :

1. Il donne des chances égales à chaque patient d’être plutôt soigné avec le médicament A ou B ou le placebo si l’étude est versus placebo.

2. Il permet de s’assurer que les 2 ou 3 groupes seront composés de façon comparable en terme de répartition du sexe, de l’âge, de la gravité de la maladie et de divers facteurs pouvant affecter le résultat.

Ce tirage au sort est donc très sophistiqué et repose sur des règles mathématqiues intégrées dans des programmes informatiques. Il est indépendant du médecin qui ne peut pas le modifier.

L’étude ouverte

Dans ce type d’étude, le patient et le médecin connaissent le traitement administré.

La plupart des traitements de phase I et II sont conduits de cette façon.

L’étude en simple aveugle

Dans ce cas, le médecin connaît le traitement mais non le patient. Celui-ci ne sait donc pas s’il prend le médicament A ou B ou le placebo.

Pourquoi ? parce que le fait que le patient sache quel médicament il prend peut influencer de façon significative sur son jugement et les réponses qu’il apporte à son médecin.

L’étude en double aveugle

Dans ce cas ni le médecin ni le patient ne sait quel médicament est administré. Seul un centre de vigilance sait exactement qui prend quoi. En cas de nécessité, le médecin peut toujours interroger ce centre pour lever l’aveugle ou lever l’anonymat.

Quels sont les pour et les contre ?
En participant à un essai thérapeutique, le patient s’offre les meilleures chances de guérir.

LE PATIENT EST LE SEUL A PRENDRE ULTIMEMENT LA DECISION DE PARTICIPER OU NON A UN ESSAI THERAPEUTIQUE.

Aussi, est-il fondamental qu’il se renseigne sur sa maladie, les essais adaptés à son cas et qu’il en parle avec son médecin.

Ainsi, il faut toujours poser les pour et les contre d’une participation à un essai.

Les pour :

1. Le traitement offert est potentiellement plus efficace que le traitement de référence ou standard.

2. Les patients sont davantage suivis et reçoivent de la part des médecins spécialisés dans la recherche clinique contre le cancer une plus grande qualité de soins.

3. Les participants à un nouveau traitement bénéficient en priorité des effets positifs de ce traitement.

4. Les résultats acquis peuvent être profitables à d’autres patients dans le futur et plus des patients participent aux protocoles plus la recherche avance vite.

5. Il est toujours possible pour un malade participant à un essai clinique de voir son médecin de famille ou le premier médecin qu’il a consulté.

6. Le patient peut toujours se retirer de l’essai tel qu’il est prévu dans le consentement éclairé, sans conséquence.

Les contre :

1. Le traitement proposé pourrait s’avérer moins efficace que le traitement standard.

2. Les risques ou les effets secondaires du traitement expérimental peuvent être supérieurs, inattendus ou inconnus.

3. Les patients ne peuvent pas toujours choisir le traitement qui leur est administré.

4. Le patient peut être amené à se déplacer dans un autre centre hospitalier pour suivre l’essai, car les études cliniques se font dans des services entrainés.

Comment y participer ?
Les essais thérapeutiques sont le fruit de groupes de recherche clinique et de laboratoires pharmaceutiques. En effet, une fois que le laboratoire a trouvé un nouveau médicament potentiellement efficace, les chercheurs cliniciens s’efforcent de le développer dans des essais. Autant les premiers essais utilisant ce nouveau médicament cherchent à démontrer sa sécurité, autant les essais suivants ont pour but de tester son efficacité.

Chaque essai thérapeutique a des critères d’inclusion stricts que doit réunir un malade pour pouvoir y participer (type de maladie, âge, antécédents familiaux, autres traitements reçus…)

Chaque essai thérapeutique est dirigé par un médecin qui coordonne et surveille la réalisation de la recherche : l’investigateur principal qui rédige le protocole expliquant le but de l’essai et comment il sera conduit.

Si outre l’investigateur principal, un ou plusieurs médecins prescrivent les médicaments de l’essai, ils doivent être nommément désignés comme co-investigateurs.

Dans une étude multi-centrique c’est-à-dire menée dans plusieurs centres, il y a un investigateur par centre supervisé par l’investigateur principal.

Le protocole doit inclure :

1. Les raisons de mettre en place cette étude,

2. Combien de personnes devront être incluses,

3. Qui est éligible pour entrer dans l’étude,

4. Quels sont les médicaments utilisés,

5. Le type de tests qu’auront à subir les patients et leur rythme,

6. Une note d’information éclairée du patient qui détaille l’essai.

Chaque médecin ou centre participant à l’étude concernée doit utiliser le même protocole.Ceci apporte la garantie aux patients qu’ils seront traités de la même façon où qu’ils aillent se faire soigner et que l’information recueillie auprès de tous les centres sera soigneusement évaluée et comparée.

Il est fortement conseillé aux patients de consulter les résultats des essais thérapeutiques publiés dans les revues médicales spécialisées.Aucun patient ne peut être inclus dans un essai thérapeutique à son insu. L’inclusion proprement dite n’aura lieu qu’après signature par le malade du consentement éclairé et remise de la note d’information complète, validée par un comité d’éthique.

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