Les personnes âgées sourdes, malentendantes, devenues sourdes
Les personnes sourdes, malentendantes, devenues sourdes et ayant un âge avancé sont doublement pénalisées dans leur parcours de vie si aucun moyen n’est mis en œuvre pour les accompagner. Devenir malentendant fait partie du quotidien « banal » d’une personne vieillissante, et sera insuffisamment pris au sérieux – surtout si cela s’ajoute à d’autres difficultés. C’est pourtant un facteur d’exclusion sociale, de repli sur soi, alors même que la personne, du fait de son âge, voit son environnement social se réduire. La perte d’autonomie est très rapide, avec un surcoût humain et financier qui peut être très lourd.
Par ailleurs, la personne âgée qui n’est « que » sourde ne va bénéficier d’aucune prise en charge pour ses aides techniques ou humaines : passée 60 ans (ou 75 ans si son handicap était reconnu avant 60 ans), elle n’est plus éligible à la PCH (au titre d’une première demande). De plus, son handicap relevant aujourd’hui des GIR5 ou 6 de la grille AGIR, ses droits à l’aide personnalisée pour l’autonomie (APA) ne sont pas ouverts. Elle ne bénéficiera donc d’aucune aide financière, par exemple pour obtenir de l’aide d’une personne assurant la traduction en LSF ou pour s’équiper de prothèses auditives qui peuvent lourdement grever son budget.
Des solutions génériques doivent être trouvées pour mieux accessibiliser leurs lieux de vie mais aussi que ces personnes puissent être mieux écoutées et entendues par des équipes ressources (professionnels et aidants familiaux).
Propositions de mesures :
Initier une réflexion transversale entre tous les acteurs associatifs et professionnels concernés sur le suivi des personnes âgées en général, et en particulier sourdes, devenues sourdes ou malentendantes pour une prise en charge globale.
Intégrer la prise en charge des personnes sourdes ou malentendantes dans le plan Alzeihmer, à la fois sur un volet prévention et sur un volet équipement des Maia.
Obtenir à terme, par région puis par département, la mise en place d’accueil dédiés en EPA et EPAD pour les personnes sourdes signantes afin d’éviter leur isolement en permettant leur regroupement.
Obtenir l’accès aux soins liées à leur pathologie auditive (prise en charge des acouphènes, réglage des appareils auditifs) pour les personnes âgées en perte de mobilité – avec la possibilité d’interventions à domicile. (réglementation sur le métier d’audioprothésiste à revoir car aujourd’hui elle interdit de telles visites à domicile)
Réflexion sur l’ergonomie des appareillages auditifs et des aides techniques, peu adaptées à l’utilisation par des personnes âgées et surtout très âgées.
Suppression de la barrière d’âge (prévue par l’article 13 de la Loi du 11 Février 2005) et prise en compte des besoins en aides techniques et humaines des personnes sourdes et malentendantes âgées.
Santé publique : Organisation de dépistage de la surdité par l’assurance maladie et campagne nationale d’information sur les risques auditifs et sa prise en charge précoce. Mise en œuvre de la mesure 7 du plan handicap auditif : Instaurer des dépistages systématiques des troubles de l’audition à certains âges de la vie (…) vers 60 ans venant s’ajouter aux dépistages déjà mis en place (bilans de santé de la CNAMTS).
Accessibiliser les EPA et EPAD pour les personnes sourdes et malentendantes (personnel social pratiquant la LSF, signalétique, boucles magnétiques, aides techniques, recours à l’écrit…).
Mise en œuvre de la mesure 32 : Conditionner dès 2010 l’octroi des aides à l’investissement attribuées aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes dans le cadre du plan d’aide à l’investissement de la CNSA à la mise en accessibilité aux personnes sourdes.
Prise en compte complète des informations nécessaires aux personnes perdant l’audition dans le Centre National Ressources ; relais de ces informations dans des lieux et sous des formes accessibles aux personnes âgées (pas seulement par Internet et les MDPH auxquelles elles n’ont pas accès)